Fondation

Texte rédigé en 2009 par M. Norbert Gillon à l’occasion de l’inauguration de la bannière commémorant le 80ème anniversaire de la société.

En parcourant les procès-verbaux tenus fidèlement par des secrétaires dévoués, je dois me rendre à l’évidence que la vie de la société a été sans grands éclats, sans hauts faits d’armes; une vie sans profonds soubresauts, mais une vie simple, saine et solide.

Notre premier souvenir s’adresse à nos aïeuls qui, par un engagement personnel demandant aussi des sacrifices à la famille, ont pris l’initiative de la fondation de la société de tir, qui ont guidé ses premiers pas, gens qui sont bien de chez nous.

Des gens responsables, qui ont voulu faire quelque chose de consistant pour notre communauté villageoise. Leur initiative, il est vrai, était audacieuse et elle a trouvé sa justification puisque flous célébrons cette année son 80ème anniversaire.

Cependant, il y eut un AVANT 1929 que j’aimerais évoquer à grands traits.

Nos ancêtres accomplissaient leurs tirs obligatoires à Villaz-St-Pierre. Les astreints au Tir Obligatoire de Châtonnaye ainsi que ceux de Middes montaient sans grand enthousiasme où il y avait souvent foule et parfois une longue attente.

Le 2 mars 1929, la Direction Militaire du canton de Fribourg avise la société de tir de Villaz-St-Pierre ainsi que les communes qui forment le cercle de cette société, que la place de tir n’est pas munie d’une butte derrière les cibles et elle les invite à combler cette lacune sinon les tirs seront interdits sur cette place La société de tir de Villaz-St-Pierre convoque les délégués des communes pour le 17 mars afin de prendre position sur la répartition des frais pour l’établissement de cette butte.

La société de tir de Villaz-SI-Pierre indique que les frais s’élèveraient à Fr. 1600.- et propose de les répartir entre les communes de : Villaz-St-Pierre – Middes – Châtonnaye – Villarimboud – Macconnens – Lussy – Fuyens et les Glânes, selon la population.

Pierre Toffel, syndic de Middes, propose de tenir compte de la distance des communes par rapport au stand et demande que la commune de Villaz-St-Pierre fasse un geste en cédant le terrain gratuitement étant donné qu’elle bénéficie dc la ligne de tir. Les propositions de M. Toffel sont appuyées par M. Paul Débieux, syndic de Châtonnaye, mais elles ne sont pas acceptées par l’assemblée. M. Toffel ajoute que, tenant compte de la distance de Middes et Châtonnaye du stand de Villaz-St-Pierre, il serait très possible de fonder une société de tir de la Basse-Glâne et que, se basant sur le coût de la ligne de tir de Trey (VD), la dépense s’élèverait à Fr. 3’000.- en faisant les choses simplement. Cette remarque n’influence pas les décisions de l’assemblée qui se sépare après avoir nommé une commission pour adjuger les travaux et les surveiller.

Mais pour jeter des bases solides, fonder une société de tir, il fallait un meneur, un homme compétent. M. Paul Débieux, Syndic, tenace, inlassable, convaincant, posa les jalons et passa les accords nécessaires. Il fait part au Conseil communal de Châtonnaye des décisions prises lors des différents entretiens et estime qu’il serait utile d’avoir une ligne de tir dans la contrée. Avec l’accord du conseil, il décide d’en discuter à l’assemblée communale qui aura lieu le même après-midi pour l’approbation des comptes et propose de fonder une société de tir. Cette proposition est acceptée, à l’unanimité ( à main levée ) moins une voix et M. le syndic est chargé de mener à bonne fin cette entreprise.

le Capitaine Joseph Morel de Romont, vient examiner un emplacement de tir entre les communes de Châtonnaye et Middes. II est accompagné par M. Dubey, instituteur et secrétaire communal de Middes et par M. Débieux, syndic de Châtonnaye, M. Morel estime que l’emplacement proposé sur Châtonnaye est plus favorable que celui proposé sur Middes. Il décide de s’adresser à la Direction Militaire pour la décision définitive de l’emplacement de la ligne de tir.

M. Débieux, Syndic de Châtonnaye, se rend d’abord auprès de M. le Procureur Général à Fribourg afin de se renseigner sur les modalités pour «sortir» de la société de Villaz-St-Pierre et sur la fondation d’une nouvelle société.

M. le Procureur l’informe que la commune de Châtonnaye n’a rien à payer sur les dettes actuelles de la société de ViIlaz-St-Pierre. Par contre, elle devra verser à cette dernière une part, à fixer pal- la Direction Militaire, pour la butte en construction étant donné que la sortie se ferait après le commencement de l’année et après la décision prise de construire la butte.

Le même jour, une entrevue a lieu à la Direction Militaire avec M. Marcel Von der Weid, Conseiller d’Etat qui s’empressa de lui dire que pour tenir compte de la distance qui sépare les communes, il verrait, avec plaisir, se fonder une société de tir pour les communes de Middes et Châtonnaye. Si la commune de Torny-le-Grand, désirant sortir de la société de Mannens-Grandsivaz, voulait les rejoindre, il l’autoriserait à se joindre aux deux autres.

M. le Conseiller d’Etat chargea son secrétaire (Émile Ottoz) de procéder à une vision locale durant l’après-midi du même jour. Selon celui-ci, l’emplacement le plus favorable est situé à Châtonnaye.

Lors de la séance du conseil communal, ce dernier accepte à l’unanimité, la création d’une société de tir et charge M. le Syndic de prendre contact avec les communes de Middes et Torny-le-Grand pour l’établissement d’une ligne de tir  pour les 3 villages. Des propositions sont faites, par écrit, avec réponse pour le 30 avril.

La commune de Middes a trouvé un emplacement, chez-elle, près de la forêt. Elle désirerait que les tireurs de Châtonnaye se joignent à eux pour la fondation de la nouvelle société car elle estime que leur emplacement est plus favorable. Les tireurs de Châtonnaye ne se laissent pas influencer et veulent la ligne de tir entre les deux villages.

La commune de Torny-le-Grand avise verbalement le conseil communal de Châtonnaye que la proposition faite est heureuse et qu’elle se joindrait volontiers à eux pour former une seule société. Cependant, elle doit attendre que la société de Mannens-Grandsivaz / Torny-le-Grand, dont elle fait partie, ait payé les dettes restantes afin de ne pas être prise à contribution à deux places.

La société de tir de Villaz-St-Pierre demande à la Direction Militaire d’inviter la commune de Châtonnaye à payer une part des dettes restantes qui s’élèvent à l’r. 3200.-. Selon le décompte présenté la part de Châtonnaye serait de Fr. 317.-. La commune de Châtonnaye refuse de payer ce montant et la Direction Militaire ne l’y oblige pas.

Le 5 mai 1929, 34 personnes participent à l’assemblée et procèdent à la nomination des membres du premier comité. Celui-ci est composé de :

Président : M. Paul DEBIEUX

Vice-Président : M. Paul VAUCHER

Secrétaire-caissier : M. Jules PAGE-JAQUET

Moniteur de tir : M. Léon PAGE

Membre : M. Marcel GILLON

A l’unanimité, l’assemblée décide de ne pas mettre en soumission les travaux pour la construction du stand et de la ciblerie. Séance tenante, elle adjuge les travaux de maçonnerie à M. Jules Page-Jaquet et les travaux de charpenterie à M. Marcel Gillon.

Il est également décidé d’imposer dix heures de corvée à chaque membre de la société. Ceux qui ne les accomplissent pas payeront., à la société, une indemnité de Fr. 60.- pour chaque heure non accomplie. Par contre, ceux qui dépassent les heures imposées seront rétribués de la même manière.

Charles Cotting vend à la société de tir le terrain nécessaire pour la construction d’une ciblerie et d’une butte sur l’art. 611 du cadastre de Châtonnaye. Le prix de vente est fixe a Fr. 10.- la perche et F entrée en jouissance a lieu immédiatement.

Gustave Page vend également à la société de tir le terrain nécessaire pour la construction du stand au prix de Fr. 8.- la perche pour l’emplacement du stand et au prix de Fr. 5.- la perche pour les abords. Le payement se fera, ait comptant, lors de l’inscription des achats au Registre Foncier.

Dans le but de favoriser la société de tir, nouvellement fondée, la Caisse d’Epargne et de Prêts lui prêtera, par compte courant, le montant nécessaire pour les constructions jusqu’à concurrence de Fr. 12’000.-.

Le tir d’inauguration du stand est fixé au samedi 10 et au dimanche 11 août 1929, de 13h30 à la nuit. Un plan de tir est élaboré avec les cibles suivantes : Exercice – Militaire – Châtonnaye – Bonheur et Concours de groupes.

Aux mêmes jours et mêmes heures, une kermesse est mise sur pied avec les jeux suivants : roue de la fortune – tombola – jeux des anneaux et tir à la bouteille. Le dimanche, après l’Office, M. l’Abbé Villard. Curé de la paroisse, procède à la bénédiction de la ligne de tir.

Dans le but d’amortir la dette, la société a organisé un match de quilles durant les jours de la bénichon soit les 22-23 et 24 septembre.

Dans sa séance du 14 juin 1930, le Comité Cantonal des ‘Tireurs Fribourgeoise a approuvé les statuts de la nouvelle société qui est, de ce fait, également membre de la Fédération des Sociétés de Tir de la Glâne.